Les exportations d’armement de la France en 2024

Les exportations d’armement de la France en 2024
17 octobre 2025 Olivier Debeney

Le 29 septembre 2025 le Ministère de l’Intérieur faisait paraître un rapport sur les exportations d’armement de la France en 2024.

 

Ce document s’organise autour de trois grands axes : la cohérence avec les priorités stratégiques nationales, le contrôle rigoureux des exportations et le soutien constant à l’industrie française de défense. La France conçoit de façon indissociable sa politique de défense et ses engagements internationaux, cherchant à concilier responsabilité stratégique et respect du droit international. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, la progression des dépenses militaires européennes, amorcée depuis plusieurs années, s’est encore accélérée. L’Allemagne occupe désormais le quatrième rang mondial en la matière, devant le Royaume-Uni, tandis que la France se situe au huitième rang et l’Italie au douzième.

Dans un premier temps, la politique d’exportation française vise à contribuer au maintien d’un équilibre international en permettant aux États agressés d’exercer leur droit légitime à la défense. À ce titre, les présidents Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky ont signé le 16 février 2024 un accord bilatéral de sécurité d’une durée de dix ans, valable tant que l’Ukraine ne sera pas entrée dans l’OTAN. Cet accord prévoit des engagements précis et identifie plusieurs domaines de coopération, tant civils que militaires. 

Entre le 24 février 2022 et le 31 décembre 2024, le soutien militaire apporté par la France à l’Ukraine est estimé à 5,9 milliards d’euros, auxquels s’ajoute la contribution nationale au financement de la Facilité européenne pour la paix (FEP), dans le cadre de la solidarité européenne, pour un montant pouvant atteindre 2,3 milliards d’euros. Sur la période 2020-2024, l’Ukraine est ainsi devenue le premier importateur mondial d’armes majeures.

En second lieu, les exportations d’armement participent activement à la vitalité économique et industrielle du pays. Elles contribuent à renforcer l’autonomie stratégique de la France, à maintenir un haut niveau de compétence technologique et à soutenir l’emploi, avec près de 220 000 postes générés dans le secteur de la défense :

  • Avant la guerre en Ukraine, la société KNDS produisait deux canons CAESAR par mois , grâce aux investissements publics réalisés depuis, la cadence a été portée à 6 unités mensuelles en 2024 et devrait atteindre 8 en 2025. De même, la production de missiles Mistral par MBDA a doublé, passant de 20 à 40 missiles par mois. 

En 2024, les prises de commandes dans le domaine de la défense ont atteint un montant total de 21,6 milliards d’euros, tirées par plusieurs grands contrats internationaux : 

  •  18 Rafale pour l’Indonésie, 12 pour la Serbie et 4 sous-marins d’attaque pour les Pays-Bas. 
  • Le secteur aéronautique concentre environ 43 % des commandes, le secteur naval 33 %, les matériels terrestres 15 %, les radars et systèmes de communication 5 %, et enfin les missiles 4 %.
  •  L’année 2024 constitue la deuxième plus importante en volume de commandes après 2022 et reflète la montée en puissance des exportations françaises vers l’Europe, qui représentent désormais 60 % du total.

La France s’impose aujourd’hui comme la deuxième puissance exportatrice mondiale d’armement, ayant quasiment triplé ses livraisons majeures à destination d’États européens entre 2015-2019 et 2020-2023. Cette progression s’explique notamment par la livraison d’avions de combat à la Grèce et à la Croatie, de frégates à la Grèce, de sous-marins aux Pays-Bas, ainsi que par le soutien militaire apporté à l’Ukraine.

Au-delà du cadre européen et de l’Alliance atlantique, la France entretient des partenariats stratégiques durables avec plusieurs grandes puissances. L’Inde, par exemple, a acquis 26 Rafale Marine ; les Émirats arabes unis, l’Indonésie et le Brésil entretiennent également des coopérations denses dans le domaine de l’armement. Par ailleurs, la France poursuit son soutien aux forces africaines et moyen-orientales engagées contre le terrorisme islamiste et les extrémismes violents, tout en offrant aux pays asiatiques souhaitant se détacher de leur dépendance vis-à-vis des matériels russes une véritable alternative technologique.

  •  En 2024, l’Asie a représenté environ 23 % des prises de commandes françaises (contre 42 % en 2023). 
  •  Proche et Moyen-Orient ont conservé une part stable d’environ 11 %.