
Les unités d’élite de la gendarmerie et de la police nationales
Une efficacité partagée, des moyens à garantir
Dans un contexte de menaces multiformes, les unités d’élite françaises GIGN, RAID et BRI-PP s’imposent comme les piliers du dispositif national d’intervention. Le rapport d’information présenté le 2 juillet 2025 par le sénateur Bruno Belin, rapporteur spécial des crédits de la mission « Sécurités », en dresse un état des lieux précis.
Des missions critiques et complémentaires
Créées entre les années 1960 et 1980, ces unités partagent une vocation commune : répondre aux situations les plus complexes menaçant la sécurité publique. Elles interviennent sur :
- Des prises d’otages, actes terroristes ou individus retranchés armés
- Des interpellations à haut risque, souvent en appui de la police judiciaire
- La protection de personnalités, de sites sensibles ou lors d’événements majeurs
- Le rétablissement de l’ordre dans des contextes particulièrement dégradés (émeutes, établissements pénitentiaires, etc.)
Trois unités, trois structures
Bien qu’ayant un tronc commun fonctionnel, ces unités diffèrent dans leur statut et leur rattachement :
- Le GIGN (gendarmerie) relève du statut militaire et du directeur général de la gendarmerie nationale.
- Le RAID (police nationale) dépend du directeur général de la police nationale.
- La BRI-PP (préfecture de police) est sous l’autorité directe du préfet de police.
Leurs effectifs sont également inégaux : environ 1 000 personnels pour le GIGN, 500 pour le RAID, et un peu plus de 100 pour la BRI-PP.
Une couverture territoriale structurée
Chaque unité agit selon un découpage géographique cohérent :
- RAID : grandes villes et zones urbaines (zone police nationale)
- GIGN : zones rurales et périurbaines (zone gendarmerie)
- BRI-PP : Paris et petite couronne (avec un partage partiel avec le RAID)
Les unités centrales sont complétées par des antennes territoriales, mises en place après les attentats de 2015 pour renforcer la réactivité sur l’ensemble du territoire.
Une souplesse d’intervention est prévue en cas d’urgence absolue, via le schéma national d’intervention de 2016, qui permet à l’unité la plus proche d’intervenir, quelle que soit la zone.
Une montée en puissance opérationnelle
Le niveau d’engagement ne cesse de croître :
- Le RAID a connu une hausse de 43 % de son activité entre 2019 et 2024, avec un quasi-doublement des interpellations à domicile.
- Le GIGN affiche une augmentation de +285 % des missions de protection, +332 % pour les interpellations et +28 % pour les interventions.
- La BRI-PP reste plus stable, avec environ 200 interpellations par an, et une hausse ponctuelle des interventions (26 en 2024).
Ces unités ont été sollicitées pour des événements d’ampleur comme les Jeux olympiques de Paris 2024, les troubles à Mayotte ou en Nouvelle-Calédonie.
Des moyens en progression, mais encore insuffisants
En 2024, le budget consolidé des trois unités s’élève à 140 millions d’euros en crédit de paiement, soit 0,5 % du budget total de la mission « Sécurités ». Cette hausse budgétaire accompagne l’augmentation des effectifs, l’obsolescence accélérée des équipements et la multiplication des missions.
Cependant, plusieurs limites structurelles persistent :
- Des véhicules vétustes et inadaptés au rythme opérationnel
- Une tension sur les effectifs dans certaines antennes territoriales
- Des difficultés d’accès aux équipements spécifiques, notamment en balistique, à cause de procédures d’achat trop rigides
- Des locaux exigus ou dégradés, peu compatibles avec les exigences de l’entraînement et de la réactivité
Recommandations du rapporteur
Pour garantir la pérennité et l’efficacité de ces unités, le rapport recommande notamment :
- Le renforcement logistique outre-mer, pour permettre une meilleure projection
- Un recours de plus en plus aux réservistes spécialisés
- Une exemption ciblée au malus écologique pour les véhicules opérationnels
- Une accélération des marchés publics pour les équipements de niche
- Un plan immobilier ambitieux pour le GIGN, notamment à Versailles
Ces forces d’élite incarnent une expertise rare et une coordination renforcée au service de la sécurité nationale. Leur maintien à un haut niveau d’exigence opérationnelle appelle un engagement budgétaire soutenu et une réactivité administrative accrue