Plan vigipirate, toujours d’actualité

Plan vigipirate, toujours d’actualité
3 juillet 2024 Olivier Debeney

Plan Vigipirate : “été-automne 2024” – L’ensemble du territoire national est maintenu au niveau “Urgence attentat” pour faire face à l’élévation globale de la menace terroriste depuis le début de l’année 2024. Il permet de mettre l’accent sur la sécurité des sites métropolitains et ultramarins en lien avec les JOP 2024 et le relais de la flamme, sur la sécurité des lieux de rassemblement culturels et festifs et les lieux de culte, et sur la sécurité des transports et des bâtiments publics.

 

Caractéristiques générales

Le Plan Vigipirate est placé sous l’autorité du Premier ministre et associe les organes de l’État, l’ensemble des collectivités territoriales, les acteurs publics et privés ainsi que les citoyens à une attitude de vigilance, de prévention et de protection.

Le Plan Vigipirate comprend trois niveaux distincts :

  • Le niveau de vigilance,
  • Le niveau sécurité renforcée – risque d’attentat,
  • Le niveau d’urgence attentat.

Ce sont pas moins de 300 mesures mises en place dans le cadre du Plan Vigipirate . 116 mesures socles sont ainsi appliquées à douze domaines d’activités (transports, réseaux, rassemblements, santé, cybersécurité etc.) et 194 mesures supplémentaires peuvent être activées selon l’évolution de la situation et de la menace terroriste sur le sol français.

“Depuis 2012, 21 attaques islamistes ont échoué et 75 projets d’attentat sont été déjoués.”

 Le Figaro

 

Le niveau d’urgence attentat

Créé au cours d’un conseil de défense en 2016, ce niveau exceptionnel a été activé pour la première fois en réaction à l’attentat du marché de Noël de Strasbourg, survenu le 11 décembre 2018 et à l’origine de cinq morts et 11 blessés.

Ce niveau peut être mis en place à la suite d’un attentat ou si une entité terroriste identifiée mais non localisée prévoit de passer à l’attaque sur le sol français. Théoriquement, ce niveau est activé le temps de la gestion de la crise.

Parmi les mesures applicables dans le cadre du niveau urgence attentat, nous retrouvons

  • Le renforcement de la surveillance de certains lieux de culte identifiés (églises, synagogues etc.).
  • La mise en œuvre de contrôles visuels des sacs et affaires à l’entrée des différents établissements scolaires.
  • Le renforcement des contrôles d’accès à certains établissements publics.
  • Le renforcement des contrôles aux frontières.

 

Une menace terroriste en constante évolution

Malgré tout, la menace terroriste évolue et certains attentats sont désormais déclenchés à distance. Cette situation préoccupante remet ainsi en question la capacité des services de sécurité français à garantir efficacement la protection des citoyens.

“L’État islamique est capable désormais de pouvoir enclencher des attentats à distance. (…) Ce que l’on comprend de l’attentat en Russie [de mars 2024], c’est que des gens à l’extérieur, dans d’autres pays, ont pu donner des ordres à des gens à l’intérieur d’un pays pour passer à l’acte.”

Gérald Darmanin

 

Les limites du Plan Vigipirate

En février 2015, le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian déclarait qu’un peu plus d’un million d’euros était alloué chaque jour à l’opération Sentinelle, mise en œuvre dans le cadre du Plan Vigipirate.

Certains décideurs remettent en question l’efficacité même du Plan Vigipirate. La durée prolongée du niveau d’alerte depuis les attentats de 2015 entraîne un épuisement progressif des ressources humaines et matérielles.

Le fait que le niveau d’alerte soit prolongé pendant plus de dix ans questionne également la pertinence du Plan Vigipirate.

 

La loi “Silt”

La loi « Silt », en vigueur depuis octobre 2017, est une initiative cruciale dans la lutte contre le terrorisme, cette dernière intégrant des mesures exceptionnelles de l’état d’urgence dans le cadre juridique habituel. Cette loi confère aux préfets le pouvoir d’établir des zones de protection dans les endroits à risque, facilitant ainsi la surveillance et le contrôle des accès.

De plus, elle renforce les dispositifs de surveillance en permettant au ministère de l’Intérieur d’imposer des restrictions de déplacement à des individus jugés menaçants, couplées parfois d’obligations de pointage quotidien. Cette législation facilite également les contrôles aux abords des aéroports et des gares, ainsi que la fermeture administrative des lieux de culte incitant au terrorisme.

Initialement assorties de restrictions temporaires par le Parlement, ces différentes mesures ont été prolongées jusqu’à la fin de l’année 2020, puis définitivement maintenues en 2021. Cette loi vise ainsi à assurer une réponse pérenne et adaptée aux défis sécuritaires contemporains, tout en maintenant un équilibre entre la protection des citoyens et le respect des libertés individuelles.