– Note d’observation de l’antenne CRSI Grand-Ouest
Les récents événements survenus dans l’Ouest mettent en évidence un durcissement des tensions autour du droit de propriété, une pression accrue sur les institutions locales, ainsi qu’une montée des violences diffuses – qu’elles soient intrafamiliales, communautaires ou liées à la criminalité organisée. L’affaire de la retraitée de Nantes privée de son logement, aujourd’hui engagée dans une grève de la faim pour dénoncer la lenteur des procédures d’expulsion, illustre de manière aiguë la vulnérabilité de certains propriétaires face aux squats. Ce cas n’est pas isolé : dans plusieurs départements, des particuliers se retrouvent dépossédés de biens occupés illégalement, au point que certains recourent à des groupes privés pour récupérer leur logement, au risque d’une double illégalité. Le sujet pose la question d’un dispositif plus rapide pour les occupants sans droit ni titre, notamment lorsque les propriétaires sont âgés ou modestes.
Parallèlement, un drame survenu en Seine-Maritime – le suicide d’un septuagénaire lors de son expulsion – rappelle que ces procédures peuvent mener à des situations extrêmes lorsqu’elles ne sont pas accompagnées socialement. Une meilleure coordination entre autorités administratives, forces de l’ordre, bailleurs et services sociaux apparaît nécessaire pour anticiper ces crises humaines.
Les institutions locales ont également été prises pour cible, comme à Grand-Couronne où un incendie volontaire a ravagé le hall de la mairie. L’enquête a abouti à plusieurs mises en examen et l’État s’est engagé dans un soutien financier et en matière de sécurisation. À Rouen, des tags antisémites sur une synagogue ont entraîné un renforcement de la protection du site et un rappel public des valeurs républicaines.
L’autre point de vigilance réside dans les ports du Havre, de Nantes–Saint-Nazaire et de Brest, devenus des foyers majeurs du trafic de cocaïne. Les saisies répétées et les tentatives d’infiltration dans la chaîne logistique confirment la nécessité de renforcer les unités spécialisées, d’intensifier l’analyse de risque des conteneurs et d’approfondir la coopération européenne.
À cela s’ajoutent des faits divers révélateurs d’un sentiment d’insécurité diffus : tirs sur des automobilistes en Ille-et-Vilaine, incendies agricoles suspectés d’être volontaires en Normandie, agression homophobe grave, mais aussi décès accidentel lors d’une tempête, invitant à consolider les dispositifs de prévention et d’alerte. Enfin, la hausse marquée des violences intrafamiliales, y compris dans les zones rurales, confirme l’importance des outils de protection – téléphones grave danger, ordonnances d’éloignement – et du renforcement des unités spécialisées.
L’ensemble dessine un paysage où se conjuguent pressions criminelles sur les ports, fragilisation du droit de propriété, tensions sociales ponctuelles et violences privées en expansion. Une stratégie globale, mêlant réponse sécuritaire, accompagnement social et protection des plus vulnérables, apparaît déterminante pour prévenir l’extension de ces phénomènes.