
Baromètre EY 2024 : la France en tête mais confrontée à un essoufflement
En 2024, la France conserve pour la sixième année consécutive sa position de premier pays européen en matière d’attractivité pour les investissements directs étrangers, malgré un repli notable du nombre de projets et d’emplois créés, dans un contexte international marqué par des tensions économiques et géopolitiques.
Attractivité de la France
- Positionnement en Europe :
- La France reste le pays le plus attractif d’Europe pour les investisseurs étrangers en 2024, pour la sixième année consécutive, selon le baromètre EY.
- 1 025 investissements directs étrangers (IDE) ont été recensés en France en 2024, contre 853 au Royaume-Uni et 608 en Allemagne.
- Tendance et commentaires :
- Marc Lhermitte, associé chez EY, commente que « la tendance n’est pas bonne ».
- Le nombre d’investissements est en baisse de 14 % par rapport à 2023, avec un ralentissement notable des entreprises américaines.
- Les créations d’emplois ont chuté de 27 %, avec 29 000 emplois créés.
- Sous l’effet de la politique préférentielle de Joe Biden, seulement 942 entreprises américaines ont investi en Europe en 2024, le niveau le plus bas observé depuis dix ans.
- Création d’emplois :
- En termes de création d’emplois, la France se classe troisième avec 29 000 emplois créés, derrière le Royaume-Uni (38 196) et l’Espagne (34 603).
- Coût de la main-d’œuvre :
- Le coût élevé de la main-d’œuvre en France est identifié comme le principal frein, avec un coût horaire de plus de 44 euros en 2024, contre 25,80 euros en Espagne et environ 29 euros au Royaume-Uni.
- Flexibilité du droit du travail :
- Le droit du travail en France est perçu comme trop contraignant malgré les « ordonnances Macron » de 2017 qui ont apporté un peu de flexibilité.
- Stratégie des investisseurs :
- En France, les investisseurs étrangers privilégient les extensions de sites existants plutôt que de nouvelles implantations (63 % contre 36 % en moyenne en Europe selon EY).
- Intentions d’investissement :
- 62 % des dirigeants prévoient d’investir en France dans l’année à venir, contre 73 % en 2024.
- Nombre moyen d’emplois créés par projet :
- En France : 30 emplois/projet.
- Espagne : 125 emplois/projet.
- Royaume-Uni : 48 emplois/projet.
- Risques majeurs pour l’attractivité de l’Europe :
- Tensions géopolitiques (35 %).
- Contexte macroéconomique difficile (34 %).
- Barrières commerciales (30 %).
- Principaux secteurs d’investissement en France :
- Logiciels et services IT (129 projets, -4 % par rapport à 2023).
- Services aux entreprises et aux professionnels (90 projets, stable).
- Constructeurs et fabricants de moyens de transport (89 projets, -30 %).
- Territoires en tête :
- Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France.
Réussites sectorielles en France
- Intelligence Artificielle (IA) :
- La France a attiré 41 investissements étrangers dans l’IA, se positionnant comme un pôle majeur en Europe.
- Exemples de projets : IBM (45 millions d’euros), Microsoft (4 milliards d’euros).
- Énergie :
- 74 entreprises étrangères ont investi dans le secteur de l’énergie en France, contribuant à la transition énergétique.
- Exemples de projets : Avicolne Energia, Thorizon, Skeleton Technologies.
- Agroalimentaire :
- 68 projets d’investissements étrangers, avec une augmentation de 11 % par rapport à 2023.
- Exemples de projets : McCain (350 millions d’euros), Sparwood (65 millions d’euros).
Préoccupations majeures en France
- Industrie :
- La France conserve la première place en Europe pour le nombre d’implantations et extensions d’usines, mais les projets sont moins créateurs d’emplois.
- Coût élevé de la main-d’œuvre (46,3 €/heure) et manque de foncier industriel.
- Centres de décision :
- La France peine à rivaliser avec le Royaume-Uni, qui attire davantage de centres de décision (86 projets contre 47 en France).
- Activités financières :
- Paris reste distancée par Londres, qui a attiré 39 projets d’IDE contre 23 pour Paris.
Perspectives et priorités
- Confiance des investisseurs :
- 62 % des dirigeants prévoient des projets d’investissement en France en 2025, malgré un contexte économique et politique incertain.
- 31 % des dirigeants ont réduit ou reporté leurs plans d’investissement en France depuis juin 2024.
- Priorités pour la France :
- Simplifier et réduire la fiscalité.
- Soutenir les industries stratégiques (CleanTech, IA, défense).
- Encourager l’innovation numérique et la compétitivité.
- Soutenir les PME et les ETI.
- Investir dans de grands projets d’infrastructure.
- Priorités pour l’Europe :
- Réduire les prix de l’énergie et accroître l’indépendance énergétique.
- Soutenir les PME et les ETI.
- Soutenir les industries stratégiques.
- Réduire les barrières commerciales.
Source
EY Parthenon “Nouveaux chocs, nouveaux défis pour la France et l’Europe”, mai 2025
Le Figaro