Chute de la démographie, raisons et conséquences

Chute de la démographie, raisons et conséquences
19 septembre 2025 Olivier Debeney

Tribune par un membre du CRSI.

 

L’information a largement été reprise dans les médias cet été : le nombre de décès a dépassé le nombre de naissances sur la période mai 2024 – mai 2025. C’est la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale que le solde naturel est négatif sur douze mois consécutifs.

La tendance de fond est clairement à la baisse malgré un solde naturel positif en juin et en juillet. En 2024 il était de 17 000 personnes contre 140 000 en 2019 et 260 000 en 2014. Ce basculement, attendu seulement pour 2035 par l’Insee, survient donc avec dix ans d’avance, et souligne l’effondrement rapide de la natalité en France.

L’indicateur conjoncturel de fécondité par femme enregistré en 2024 était de 1,62 enfant alors qu’il était encore de 1,87 en 2019 et de 2,01 en 2014. Seuls les territoires ultramarins ralentissent cette chute de la natalité (Mayotte, Réunion, Guyane). De son côté, la mortalité progresse, portée par le vieillissement des baby-boomers (les 65 ans et plus représentent désormais 22% de la population, ils étaient 16% en 2005). La population devrait toutefois continuer d’augmenter légèrement en raison d’un solde migratoire de +152 000 personnes annuel en 2023, 2024 et 2025 (données provisoires du ministère de l’Intérieur – ne prennent pas en compte les entrées illégales).

Plusieurs facteurs peuvent expliquer la baisse de la natalité. Outre des modes de vie qui évoluent et qui se concentrent davantage sur les aspirations individuelles (indépendance, confort, réussite professionnelle, etc.), le facteur économique et le manque de confiance en l’avenir des ménages est à mettre en avant. Le coût de la vie a particulièrement évolué ces dernières années sans que les niveaux de rémunération ne suivent la même courbe. Dans les années 1970, un salaire permettait souvent de faire vivre une famille de trois enfants. Aujourd’hui, même deux revenus ne garantissent plus cette sécurité. Le pouvoir d’achat réel des ménages s’érode, et la perspective d’accueillir un ou plusieurs enfants est perçue comme un risque économique et social. L’heure est à la prudence comme en attestent les études de confiance des ménages. Moins d’enfants aujourd’hui, c’est moins d’actifs demain : une équation qui pèse déjà sur le modèle social français.

Le non-renouvellement de la population a également des conséquences pour l’économie et l’équilibre des comptes publics. Outre la question de la main-d’œuvre, il y a également celle du financement de la Sécurité sociale et du système des retraites. La France comptait 3 actifs par retraité en 1970, ils sont désormais 1,7 par retraité.

Enfin, si on mesure le dynamisme et l’esprit d’innovation d’un pays à sa jeunesse, la France risque fort de ralentir dans les années à venir.